Audrey Cordon : un arc-en-ciel avant une bague

La bretonne est revenue sur ses terres et prépare désormais un objectif encore plus important qu'un Championnat de Monde, son mariage ! Audrey revient sur une semaine espagnole qui avait pourtant mal démarré.

"Je n'avais pas commenté mon résultat du contre la montre (ndlr : Audrey termine 23ème), résultat dont je n'étais absolument pas satisfaite. J'ai beaucoup souffert sur ce circuit de 29km : pas dans le coup dès les premiers kilomètres, j'ai vite décroché dans la tête et abandonné toute idée de Top 10 dès lors qu'au premier pointage on m'annonçait le 9ème temps seulement ! Ce "coup de pied aux fesses" a été dur à encaisser, mais je pense qu'il était nécessaire pour me remettre en question et me remotiver en vue de la course en ligne.

J'ai pris le départ de la course en ligne avec une grosse appréhension. Avais-je récupéré ou non de mon échec au CLM? Mes jambes étaient-elles de la partie? J'avais hâte d'en découdre... Nous avions bien étudié les différentes courses déjà passées sur ce circuit, deux bosses difficiles et pourtant des arrivées presque toujours groupées. Il était donc évident que cette course serait une course d'attente, une guerre des nerfs.

Nous optons donc pour une stratégie défensive, nous sommes divisées en binômes (Aude et Eugénie, Elise et Amélie, Pauline et moi). Dans le même ordre, nous nous divisions la course : les premières assuraient le début...etc... Le début de course se passe comme prévu, nous accompagnons les coups sans jamais trop en faire, je reste avec Pauline toujours bien placées en haut de chaque bosse pour attaquer les descentes dangereuses et techniques dans les toutes premières. Nous évitons ainsi la grosse chute du début de course, qui forcera beaucoup de filles à l'abandon.

A quatre tours de l'arrivée, je ne peux éviter une chute sans gravité qui me fait perdre pas loin de 2 minutes : le temps de débloquer ma chaîne puis finalement de changer de vélo. A ce moment-là, je reste motivée et concentrée, et si pour beaucoup je suis déjà "hors course", dans ma tête, je veux rentrer et je vais y arriver. Je sens que j'ai les jambes. Chose faite un demi-tour plus tard, je ne suis pas au mieux mais je m'accroche : dès que j'ai récupéré, je demande à reprendre mon vélo de course sur lequel je suis plus à l'aise, ce qui me refait partir dans les voitures une deuxième fois.

Là, la pluie se met à tomber, ce qui complique la première descente devenue très glissante, nous perdons de ce fait notre deuxième binôme pris dans une cassure et je me retrouve seule avec Pauline. La course se durcit, j'impose le rythme à l'avant pour dissuader les attaques et je tente ma chance en haut de la première bosse afin de faire travailler nos adversaires.

La course s'emballe dans la dernière difficulté : 4 filles prennent la poudre d'escampette et je ne peux accrocher le dernier petit groupe qui reviendra sur la tête au kilomètre. Mais peu importe...Au moment où je franchis la ligne, un photographe vient me serrer la main et me félicite... Pourquoi ? Pauline est championne du monde !!!! Waouhhhh, j'ai du mal à y croire, tout comme elle d'ailleurs. Je me précipite vers elle, le reste des filles est déjà là, c'est DINGUE, un grand moment de partage, un grand moment de ma carrière ! On l'a fait, on l'a fait, elle l'a fait!

Je tenais à remercier tout le staff qui nous a entourées pendant cette semaine et les filles de l'équipe, sans qui rien n'était possible ! Je me dirige maintenant vers un deuxième objectif, un projet de vie, notre mariage."