Lanarvily VI: enfin le championnat de France !

Impossible de vous raconter la saga de Lanarvily sans évoquer les premiers championnats de France dans les années 70. Dans notre 5e épisode, vous aviez compris qu'ils étaient désirés. En 1973, l'équipe de Jean le Hir accueille enfin cette compétition.

 

Enfin l’apothéose !

Un an après St Leu d’Esserent dans l’Oise et la victoire tumultueuse de Jean-Michel Richeux face à Pierre Bernet, c’est au tour de Lanarvily d’accueillir l’élite du cyclo-cross Français. Champion en 1971 et 72, devant un très large public entièrement acquis à sa cause, Jean-Michel Richeux demeure l’un des favoris, d’autant qu’il s’est déjà imposé à Lanarvily à deux reprises ! C’est pourtant un autre coureur qui rassemble les suffrages des spécialistes : le Lorrain André Wilhem a largement dominé la saison des sous-bois, s’offrant même le luxe de battre sur leurs terres, les spécialistes Belges et Italiens. Le dimanche précédent, il a dominé voire écrasé la concurrence, Alex Gérardin, son second, terminant à près de trois minutes.

A 29 ans, André Wilhem doit enfin confirmer son talent en remportant une épreuve officielle de haut niveau ! Du côté des Bretons, outre Jean-Michel Richeux, les supporters rêvent, pour Daniel Blouet, d’une consécration nationale. A Bazouges, en Mayenne, le coureur du V.C. Loudéac a enfin mis un terme à la suprématie des Richeux, en remportant le championnat de Bretagne. Suite au décès de son père, il a désormais la responsabilité de l’exploitation agricole familiale. A 25 ans, il doit donc concilier travaux des champs et heures d’entraînement ! Quatrième en 69 au Havre, neuvième en 71 et sixième en 72, Blouet rêve de remporter à Lanarvily le titre national et par la même, la centième victoire de sa carrière.

Stress

Le samedi, c’est dans la tourmente que les bénévoles de Lanarvily achèvent de préparer leur circuit… On imagine le stress de certains membres du comité : il faut au moins 8.000 personnes pour couvrir le montant des frais engagés. Le dimanche, par chance, un grand soleil et de superbes embouteillages rendent le sourire aux organisateurs… Au grand dam d’Abel Floc’h, starter officiel, André Wilhem vole presque le départ : La banderole n’est pas encore complètement abaissée que le Lorrain s’est déjà élancé ! Il sait que pour l’emporter en Finistère, sur ce type de circuit, il doit absolument prendre le départ en tête. En fait, fort de son expérience internationale, il reproduit à Lanarvily les bonnes vieilles techniques acquises en Belgique. Malgré une crevaison, le coureur natif de Sarrebourg survole l’épreuve et ne rencontre aucune opposition.

Le public espère un instant la victoire de Jean-Michel Richeux : au terme du premier tour, le champion sortant est revenu dans le sillage du leader mais visiblement souffrant, il ne peut s’accrocher bien longtemps ! Derrière, l’inusable Pierre Bernet peut limiter la casse et terminer en beauté son 18ème championnat de France. En troisième position du départ à l’arrivée, Jean-Yves Plaisance, coureur de l’U.C. Rézéenne, n’est jamais inquiété. Plus loin, le champion sortant est désormais à la peine ! Jean-Michel Richeux connaît un terrible passage à vide qui le plonge dans les profondeurs du classement. Visiblement à court de forme, il peut toutefois remonter en fin de course et conquérir une honorable quatrième place… Du côté des autres  bretons, on retient la belle prestation du jeune Josselinais Lesourd, la malchance d’Alfred Richeux – Deux chutes et un guidon faussé - et la contre-performance de Blouet. Extrêmement nerveux malgré la présence à ses côtés de son conseiller André Foucher, le champion de Bretagne n’a pas pu fermer l’œil de la nuit ! 

Wilhem, évidemment !

Sportivement, ce championnat laissa donc les spectateurs sur leur faim, tant la domination de Wilhem fut écrasante. Il n’y eut pas de miracle Breton ! Mais, bien plus important pour les Lanarvilysiens, il convient avant tout de saluer l’immense succès populaire du championnat : plus de 10.000 personnes firent le déplacement vers le cœur du Léon. Grâce aux caméras de télévision – c’est la première fois qu’un championnat était retransmis – l’hexagone découvrit Lanarvily ! Et, ironie du sort, lorsque Wilhem accéda au podium protocolaire, la pluie se remit à tomber… Exactement la même petite bruine que le Sarrebourgeois retrouva aux championnats du Monde, à Crystal Palace. En Angleterre, le champion de France prit une superbe deuxième place derrière Eric De Vlaeminck mais devant Rolf Wolfshohl. 

Gurvan Musset

A suivre...