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Albert Bouvet est parti
- Publié le 20/05/2017
- Il avait 87 ans. Le Fougerais Albert Bouvet est mort ce samedi en région parisienne. Le Bouledogue de Fougères laissera le souvenir d'un passionné de vélo: coureur puis organisateur, il avait dédié sa vie à la petite reine.
Ses rivaux savaient que l'ancien tailleur de pierres ne lâchait pas facilement prise ! Anquetil et Rivière se méfiaient d'Albert Bouvet. Sur piste, Bouvet fut l'un des meilleurs modiaux mais s'inclina à deux reprises en finale du championnat du monde face à Roger Rivière. Sur route, on se souviendra longtemps de sa victoire héroïque sur Paris-Tours 56: à l'issue d'une très longue échappée, le poursuiteur conserva un petit mètre d'avance pour l'emporter face à un peloton déchainé. Il aimait les efforts solitaires et finit deux fois à la deuxième place du GP des Nations derrière Maître Jacques Anquetil ! Sur le Tour de France, ses capacités moyennes en montagne ne lui permirent guère de briller mais il fut un équipier de premier plan pour Anquetil en 1957, année de la première victoire du Normand.
A l'issue de sa belle carrière de coureur, Albert Bouvet travailla pour Le Parisien Libéré puis ensuite pour la Société du Tour de France où il devint l'adjoint de Jacques Goddet, de Félix Lévitan puis de Jean-Marie Leblanc. Dans ce cadre, on se souviendra aussi qu'il fut à l'origine du renouveau de Paris-Roubaix. En 1968, Jacques Goddet lui demanda de redorer le blason de cette épreuve. Il redynamisa le parcours de Paris-Roubaix, notamment en dénichant les 2400m de la tranchée d'Arenberg avec son ami Jean Stablinski.
Le môme spraradrap
C'est l'une anecdotes qui plaisent tant aux fans de vélo. Mais pourquoi Albert Bouvet était-il surnommé le môme sparadra ? Nous avions eu la chance d'entendre la belle anecdote ! « J’ai disputé mon premier Tour en 54 et c’était la première fois que le départ était donné à l’étranger, à Amsterdam aux Pays-Bas. Cette année-là, J’étais dans l’équipe de l’Ouest… La sixième étape, c’était entre Saint-Brieuc et Brest. Je me retrouve en échappée avec Kubler, Koblet, Bobet et Forlini qui allait d'ailleurs gagner. Tout à coup un motard me donne un coup de guidon et je tombe ! La journée était finie pour moi. Du coup, le lendemain dans le peloton on m’appelait le môme sparadrap ! »
L'équipe de l'Ouest 54: Pierre Barbotin, Georges Gilles, Émile Guérinel (également de Fougères), François Mahé, Jean Malléjac, Job Morvan, Jean Robic, André Ruffet, Robert Varnajo et Albert Bouvet.
La réaction de Daniel Mangeas
"Ce soir, un grand Monsieur nous a quitté: Albert Bouvet, remarquable champion qui a accompagné mes premières émotions cyclistes. Il venait régulièrement lors de mon adolescence aux 3 jours cyclistes de Saint-Martin-de-Landelles et c'est devant lui que, pour la première fois, j'ai pris le micro. Nous étions voisins séparés de quelques centaines de mètres, lui Breton moi Normand.
Albert avait réussi une brillante reconversion: Directeur Adjoint du TDF ! Il m'a fait venir sur le Tour en 1974 ,nous avons fait route ensemble plusieurs décennies. J'avais pour lui une profonde reconnaissance doublée d'une profonde affection ! Je pense très fort à Philippe, à son frère et à leur famille. Je garderai le souvenir d'un grand Monsieur au caractère fort et qui avait un sens profond de l'Amitié.
C'était pour nous, chaque fois, un immense plaisir de l'accueillir à Saint-Martin. Ce soir comme beaucoup je suis très triste."
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