BSE: les 10 leçons de Paris Nice

Première épreuve World Tour (avant le Tour de Catalogne) disputée cette saison par Bretagne-Séché Environnement, Paris-Nice a permis, après un mois de février très encourageant et 5 victoires, de faire un premier bilan avec Emmanuel Hubert, manager général. En dix points, façon « bulletin du premier trimestre ».

1 D’un Paris Nice  à l'autre, plus forts, plus stables . « À Paris-Nice l’an dernier, notre équipe découvrait le World Tour. Un an après, nous sommes plus forts, notre base est plus stable. Sans sa chute dans la côte de Châteauneuf l’avant-dernier jour, Eduardo Sepúlveda avait sa place dans le Top 20 final, il l’a démontré en prenant le lendemain la 19è place dans le col d’Èze. Nous avons pris des initiatives les premiers jours et globalement, manqué de réussite. Ce n’est que partie remise. »

2 Eduardo Sepúlveda apprend encore. « Une chute comme celle d’Eduardo, cela fait partie du cyclisme, de son épopée. Ses équipiers sont restés à ses côtés, ça n’a pas suffi. Il a été profondément déstabilisé et a vite baissé les bras. Mais le lendemain, il était remotivé et voulait être performant dans le col d’Èze. C’est un grand talent, je ne cesse de le dire, un travailleur et un perfectionniste mais il doit encore découvrir, apprendre. Apprendre à supporter par exemple les aléas de la course, la chute en fait partie. Il manque encore de maturité mais c’est normal : à 23 ans, il est un coureur neuf. Il a été frustré par sa longue absence en 2014 et veut rattraper le temps perdu mais il se pose trop vite des questions. Il sera une arme intéressante en juillet, lors du Tour de France. »

3 Arnaud Gérard, exemple au sein d’une équipe qui évolue. « Beaucoup de coureurs progressent, leurs rôles évoluent. Arnaud Gérard par exemple apporte une grande stabilité au groupe. Il effectue sa onzième année chez les pros et possède une vraie science du placement, il court devant. Il a donné quelques coups de main essentiels à Eduardo dans ce registre pendant Paris-Nice. Arnaud possède aussi un vrai charisme, de l’impact, il réunit autour de lui, toujours dans la bonne humeur. Il apporte aussi de l’envie. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à nourrir des ambitions individuelles. »

4 Pierrick  Fédrigo, bientôt. « Pierrick, il faut le laisser tranquille. Il n’est plus un jeune premier, on ne va pas lui mettre la pression. Il n’avait jamais trop brillé dans Paris-Nice et peut-être a-t-il effectué son meilleur avec nous cette année ! C’est très rassurant, dans le froid et sous une pluie, les deux derniers jours, qu’il déteste. Quand le beau temps va revenir, on devrait entendre parler de lui. »

5 L’équipe du Tour  à Paris-Nice? « Pas du tout. Brice Feillu soigne un lumbago, Armindo Fonseca et Benoît Jarrier étaient un peu courts dans leur préparation, Jean-Marc Bideau, Romain Feillu et Florian Guillou étaient au Tour du Langkawi. Six de nos coureurs du Tour 2014 étaient donc absents de Paris-Nice. Ce qui ne veut pas dire non plus qu’ils seront reconduits bien entendu, mais ne pas être au départ de Paris-Nice ne voulait pas dire non plus ne pas être au départ du Tour. Des coureurs vont arriver à point d’ici avril, d’autres ont déjà été intéressant depuis février. L’équipe se stabilise en étant sur plusieurs fronts. La sélection pour le Tour est loin d’être bouclée. »

6 Le Tour de Catalogne  pour grandir encore. « Oui. La Catalogne (23 au 29 mars) fait partie du crescendo que je veux impulser à l’équipe. On grimpe dans la hiérarchie des équipes mondiales, cette autre épreuve World Tour est une nouvelle marche de notre progression. On y présentera une équipe de grimpeurs-puncheurs autour d’Eduardo sur des routes qu’il connaît bien car il vit près de Gérone. Armindo Fonseca, Jonathan Hivert, d’autres… Mais ce sera une autre équipe que celle de Paris-Nice. »

7 Brice Feillu a encore du temps. « Brice a toujours son problème de dos (contracture lombaire) qu’il traîne depuis quelques semaines. S’il remonte sur le vélo rapidement, ça ne sera pas un souci. Il courra un peu plus mais il a la physiologie pour. On espère le revoir au Critérium international (28-29 mars). Ça peut devenir plus problématique si son dos ne le lâche pas et qu’il ne peut pas reprendre son activité d’ici plusieurs semaines. »

8 La  Flèche wallonne, un rendez-vous à part. « En avril, nous allons disputer pour la première fois la Flèche wallonne. Un vrai rendez-vous. Bien entendu, nous répondrons présents à Paris-Roubaix et sur d’autres terrains en Belgique mais aujourd’hui, nous sommes mieux armés pour les parcours « ardennais ». Un Top 15 en haut du mur de Huy, pourquoi pas avec Armindo Fonseca ou Jonathan Hivert ? J’y crois. »

9 Pas de Dauphiné, pas de problème. « Comme en 2014, nous ne serons pas au départ du Dauphiné. L’organisateur majeur (ASO) nous a demandé nos souhaits prioritaires, ils ont toutes été exaucés, je ne vais pas me plaindre. La deuxième quinzaine de mai, nous emmènerons un groupe d’une douzaine de coureurs pour un premier stage en haute montagne dans les Alpes, à Saint-Jean-de-Maurienne. Ce sera le groupe qui préparera le Tour. Et en juin, nous retournerons sans doute dans les Pyrénées. Cette option n’est pas un pis-aller. Il faut aborder le Tour avec du jus, de la réserve, on laisse parfois des plumes dans un Dauphiné. Mais nous y serons candidats en 2016 car nous ambitionnons d’être au départ de toutes les plus belles épreuves. »

10 Les « gros », il faut qu’on les arrange au moins une … « Dans le peloton, dans la file des directeurs sportifs, je pense qu’on s’aperçoit que nous progressons, que notre niveau d’ensemble est déjà supérieur à celui de 2014. Mais en cyclisme, le respect ne s’acquiert qu’en gagnant, et c’est normal. Nos adversaires au plus haut niveau, les « gros », il faut donc qu’on les « arrange » au moins une fois. Ce sera la meilleure façon de les obliger à nous regarder autrement. »