Bichot : "J'ai été victime d'une injustice !"

Il tient encore une fois son titre de champion de France et espère cette fois en profiter... A l'inverse de celui que le Mayennais avait perdu en 2002... La vérité du nouveau champion de France :

Racontez nous votre course vers le titre

Nous sommes partis à deux à plus de 50 kilomètres de l'arrivée et quand on s'est retrouvé devant on s'est dit "est-ce que l'on n'est pas parti un peu tôt". Là, on s'est dit "c'est parti, on est deux devant, on donne tout on verra bien le résultat. Au début, on avait 15" puis 25", on a pris un peu d'avance et on a bien géré notre échappée. Le dénouement, ça a vraiment été particulier parce-que finir avec un copain, un collègue d'équipe, quelqu'un que j'estime beaucoup comme Samuel qui méritait autant que moi ce titre, c'est très particulier. Il n'a pas pu profiter de son dernier maillot de champion de France puisqu'il a eu un accident l'hiver suivant. Il avait aussi à coeur de gagner ce championnat et je le comprends car il a fait de très gros sacrifices pour revenir à ce niveau et je peux vous dire que j'ai appris à le connaître cette année. C'est quelqu'un qui, comme on dit, fait le métier à bloc, c'est un super mec !

Moi aussi, j'ai fait beaucoup de sacrifices pour être en forme sur ce championnat. Finir avec Samuel c'était vraiment particulier mais on a fait ça a la pédale comme on dit. Pour ma part, quand j'ai lancé le sprint, j'avais un peu trop gros, je pensais que Samuel allait me passer mais ça s'est joué à peu de chose. C'était beaucoup d'émotions de finir avec un copain.

Qu'avez vous ressenti au moment de passer la ligne ?

J'ai eu beaucoup d'émotion car un titre de champion de France c'est le plus beau truc que l'on peu avoir en étant amateur. Beaucoup de coureurs au départ en rêvaient et c'est une chance de l'avoir. Finir avec Samuel, j'avais aussi une part de déception car le battre ça m'a fait bizarre. J'avais de la joie mais aussi de la déception. C'était assez mélangé...

Avez vous craint le sprint ?

Je savais que Samuel allait vite au sprint mais je n'ai pas calculé. Je n'en reviens pas du raid que l'on a fait tout les deux : c'est un truc de fou. C'était un peu irréel sur la fin mais voilà... On s'est dit dans le dernier tour que l'on allait se la jouer à la pédale. S'attaquer ne nous aurait pas arrangés et cela aurait permis aux poursuivants de revenir sur nous donc il valait mieux assurer le podium et le titre que de tout gâcher.

 

 

En janvier, vous parliez déjà de ce championnat de France 

Oui, c'est vrai : un championnat de France il faut l'avoir dans la tête. Dès cet hiver je ne pensais qu'à cette course et c'est la seule qui me faisait rêver. J'ai eu la chance de remporter 7 courses depuis le début de saison, comme sur Redon-Redon qui est une belle course mais là c'est une autre dimension, ça n'a rien à voir. Le maillot bleu blanc rouge, je vais le porter pendant un an et pour moi ça va être formidable. C'est peut-être pas chez les professionnels mais je pense que je vais le savourer autant. C'est une belle récompense pour l'équipe.

 

 

Vous parliez de revanche en vous s'imposant...

Oui c'est une revanche car en 2002 j'ai été sacré champion de France à Briançon et on m'a retiré mon titre car j'avais subit un traitement pour des allergies à base de corticoïdes. J'ai été destitué un mois après. Comme vous le savez, chez les amateurs il n'y a pas de suivi médical comme chez les pros et cette année-là, je débarquais dans ce milieu. C'était la 1ère année que je faisais du vélo et j'ai dis la vérité à ce sujet. On m'a retiré mon titre, c'est pour ça que j'ai autant pleuré après l'arrivée car j'ai été victime d'une injustice. Après, on a pu me cataloguer comme un coureur positif alors que ce n'était pas aux hormones ou à l'EPO, juste un traitement pour des allergies au pollen. Un mois après mon titre j'ai été sali, je peux vous dire que je n'avais que m'a famille qui croyait en moi, même mon équipe m'avait craché dessus...

Quand on n'est pas coupable, c'est difficile à vivre et j'ai laissé beaucoup de forces mentales et physiques dans cette affaire. Aujourd'hui, je peux aller au contrôle sans soucis, et je peux vous assurer que l'on ne m'enlevera pas ce maillot ! A cette époque-là, j'étais jeune, j'ai fait une erreur mais pour moi aujourd'hui je voulais vraiment gagner pour effacer tout ça. Je remercie Jean-François Quenet, Bernard Pichard, Marc Madiot qui m'a fait confiance et m'avait promis de me prendre chez les pros et l'équipe Barloworld qui m'avait aussi fait confiance. J'ai fait une belle carrière chez les pros, j'ai gagné deux courses, j'ai participé à deux tours de France avec mes propres moyens... Mais je pense avoir payé très cher cette erreur de jeunesse !

Et votre avenir ?

Je n'y ai pas encore pensé. Comme je vous le dis, ce titre ce n'est que du bonheur. Je vais m'éclater encore avec les copains et avec ce maillot sur les épaules. J'ai 32 ans et je me sens encore capable de gagner des coupes de France chez les pros. J'ai gagné une étape sur le Tour de Wallonie avec des équipes Pro Tour... Après, voilà, je ne vais pas non plus revenir chez les pros avec un salaire de néo-pro. Si l'équipe Véranda Rideau passe pro, cela sera super pour moi et les jeunes de l'équipes, les bénévoles et les supporters. J'ai une famille, une femme et deux enfants, je ne resignerai pas dans une équipe juste pour faire le nombre. On a des dirigeants qui se battent pour que l'on passe pro la saison prochaine. Pour tout ça, j'espère que l'on va retrouver un co-sponsor pour l'année prochaine et que l'on montera l'équipe à l'étage supérieur.