Brest : la grande mode du pignon fixe

Le pignon fixe ou fixie est sorti des pistes au début des années 2000 pour devenir un mode de déplacement urbain aux USA et en Europe. Et il arrive chez nous, bien entendu !

Ce qui fait son succès auprès des utilisateurs : pas de dérailleur, pas de vitesse à passer, un seul frein voire pas du tout, pas de roue libre ce qui oblige à tourner les jambes jusqu'à l'arrêt, facilité à entretenir... En clair, rouler sur ce type de vélo épuré et léger (moins de 8 kilos) permet d'être rapide et réactif dans le trafic automobile. L'autre point positif du fixie, c'est le coup de frais ! Les déplacements du quotidien en milieu urbain s'en trouvent considérablement modifiés et pour peu que la ville soit plate ou presque, le trajet devient un véritable plaisir ! En outre, les pratiquants sont souvent de nouveaux cyclistes qui découvrent que le vélo est un sport à part entière. Y prenant goût, certains rejoignent même des clubs pour progresser.

S'équiper d'un fixie n'est pas onéreux et, en outre, cela fait travailler la force et la vélocité : la plupart des modèles en circulation sont des cadres anciens achetés d'occasion à petit prix sur lesquels seules une roue arrière sans roue libre et une chaîne 1 maillon sont adaptées (entre 80 et 120 euros suivant le modèle de roue et 7 euros la chaîne).

Le développement le plus couramment utilisé est le 42x16 car il permet de passer partout sans trop devoir mouliner sur le plat. C'est exigeant musculairement mais cet aspect physique est apprécié : cela fait travailler des muscles que l'on n'a pas l'habitude de solliciter. On y gagne en force et en vélocité, permettant d'obtenir un pédalage rond et harmonieux. Les anciens éducateurs de nos clubs cyclistes le savent bien...

L'exemple brestois

Une centaine de Brestois possèdent un pignon fixe, dont beaucoup ont rejoint le groupe Brest Fixed Gear (BFG). 15 à 18 membres se retrouvent chaque mercredi-soir aux halles St Martin à 19H30. L'objectif est de rouler tranquillement ensemble pendant 1 heure, sous forme de balade de 15 à 25km. Chaque fixie est équipé de lumières avant/arrière. Par contre, même si une nette majorité porte un casque, cela reste encore selon le bon vouloir de chacun.

Pour les plus sportifs, un rendez-vous est donné le lundi soir à la même heure. On y roule assez vite sur un parcours préparé par l'un des membres et une alleycat peut être aussi organisée. L'alleycat est une sorte de Rallye où 5 points de contrôle sont à passer dans l'ordre que l'on veut, en un minimum de temps puis retour au plus vite au point de départ.

La moyenne d'âge des membres du BFG est basse, environ 22 ans, le groupe est majoritairement composé d'étudiants et de quelques lycéens. Malheureusement, les 40 ans et plus sont peu nombreux et pourtant, l'intégration se fait sans problème. Avis aux amateurs...

 

Le témoignage

 

Fred: 43 ans, adhérent à la section cyclo du Patronage Laïque du Bergot et de l'association BAPAV (Brest à Pied et à Vélo) et pratiquant le  pignon fixe au quotidien depuis presque 2 ans.

Vous  pratiquez  le vélo de route en club depuis 5 ans, pourquoi vous êtes-vous  mis au pignon fixe ?

« Ayant décidé de participer au Paris-Brest-Paris 2015, un collègue qui a bouclé cette épreuve à 2 reprises m'a fortement conseillé de pratiquer le fixie afin de travailler la force et la vélocité. Au début, cela n'a pas été facile. Désormais, j'y suis accro. C'est mon jouet sur lequel je m'éclate pour aller au travail. »

Comment avez-vous rejoint le Brest Fixed Gear ?

« Via Facebook car c'est un groupe présent sur ce réseau social.Il est prévu à court terme que le BFG soit une association afin que les membres qui le souhaitent puissent organiser des manifestations. »

Comment s'est passée votre intégration alors que vous êtes un « vieux » ? (rires)

« Sans soucis ! Ce groupe est autogéré par des jeunes entre 22/23 ans qui ont la culture et la pratique du pignon fixe dans la peau. Ils aiment le vélo, ils sont sympas donc chaque mercredi c'est un plaisir de les retrouver. Comme cela fait plus de 20 ans que je sillonne Brest à vélo, j'essaye de faire découvrir dans les différents quartiers les petits chemins, les petites ruelles qui font le cachet de cette ville à taille humaine. Je n'interviens jamais dans leurs décisions. J'essaye juste de les sensibiliser à la sécurité, notamment sur l'éclairage afin d'être bien visible des automobilistes la nuit. »

 

Correspondance de Frédéric Le Floch