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      • Les pavés de Gaëtan

      • Publié le 19/04/2013
          • Les pavés de Gaëtan
          • C'est un très joli compte-rendu que nous avons le plaisir de vous proposer sur Sportbreizh. Gaétan Bacon (UCL Hennebont) a eu le bonheur de participer au Paris-Roubaix Challenge. Il revient sur cette splendide aventure... Emotion garantie ! Merci Gaétan et bravo !
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          • Les pavés de Gaëtan
          • Faire un compte-rendu de mon Paris-Roubaix challenge 2013 ? Comment expliquer cette expérience sans parler de l'édition 2012, comment décrire et retransmettre la chair de poule que l'on ressent en pénétrant sur le vélodrome après être passé par tous ces monuments du cyclisme que sont les pavés du nord ?

            Tant pis, je me lance...

            J'ai 43 ans, malgré une petite expérience du vélo grâce à mon petit demie course Motobécane vert et marron, je débute vraiment le vélo à 28 ans. Après 15 ans en FFCT, je décide de prendre une licence FFC pour essayer et ne rien regretter. Ce sera à L'UCL Hennebont puisqu'ils sont à 500 m de chez moi et parce-que c'est le plus beau maillot ! Je découvre un club très sympa, convivial où personne ne me prend de haut et où chacun, à sa manière, va me pousser à aller plus loin. Au revoir la licence cyclosport, je signe pour une pass open. Mon objectif reste tout de même, en dehors de quelques courses pour voir, le Paris Roubaix.

             

            En 2012, j'ai eu la chance d'y participer en mode cyclosport : 155 km, 30 km de pavés. Je vends mon VTT et m'achète un cyclo-cross pour l'occasion. L'hiver sera long : 5 mois de préparation, 5000km pour arriver à Saint-Quentin dans l'Aisne , lieu du départ cette année-là. Avec le dossard 978, je pars en 4e vague, 15 mn après les premiers. Après 3 secteurs, je suis seul avec un garde républicain sur sa 600 XT : rien que pour moi ! Je vais passer la journée à remonter les groupes sans incident. 

             

            À l'approche du carrefour de l'Arbre, je tombe sur un "client", impossible de rester sur le haut du pavé pour le suivre, je m'arrache pour le tenir jusqu’à Roubaix . À l'entrée du vélodrome, il monte tout de suite en haut du premier virage. Je n'ose pas le suivre mais je suis tellement content de ma journée que je ne suis pas à une place prêt. Remise de la médaille " finisher " et je m'écroule sur l'herbe. Mon motard viens me voir et m'annonce que je suis premier de ma vague : on tape la discute, je le remercie pour les barres de céréale qu'il a glissé sous sa sangle de selle au ravito et aussi, il faut bien l'avouer, l'abri qu'il m'a offert à certains moments. Reste à me laver dans les mythiques douches et à prendre le bus pour le retour.

             

            Voilà, fini pour 2012, reste un regret : avec  un dossard 100, qu'est ce que j'aurais fait ? Je suis 88e au scratch, 61e en temps compensé, 1er de ma vague et 22e de ma classe d'âge.

             

            Novembre 2012 : les vacances sont posées pour l'édition 2013, l'entraînement a commencé et l'annonce tombe : pas de cyclosportive, juste une rando, mais de 170 km et avec tous les secteurs des pros soit 50 km. BANCO ! J'arrive à Roubaix avec moins de kilomètres au compteur mais plus d'expérience. Je suis confiant... Trop dira d’ailleurs ma femme.

             

            Rendez vous à 5h devant le vélodrome de Roubaix, je charge le vélo et je monte dans le bus pour 1h30 de route jusque Busigny. Les départ sont libres de 7 à 8h. Je pensais arriver pour le premier départ, loupé, le bus arrive à 7h30. Je prépare le vélo, zut j'ai oublié le compteur ! Je pars seul et le premier secteur de Troisvilles est à 14km.

             

            Mise en jambe rapide malgré le froid, 2 ° c et le vent du nord très présent mais régulier. Je rattrape un groupe et je me cale dans leurs roues. Les souvenirs reviennent en mémoire à l'approche des premiers pavés, mais ne pas s'emballer, ça va être très long. Malgré mes bonnes résolutions, on est 2 à la sortie du secteur. J'hésite, non, j'attends. 2e secteur : cette fois ça ne va vraiment pas assez vite pour ne pas subir le pavé, j'accélère et je sors tout seul de cette longue portion. Je trouve à ce moment-là un compagnon de galère. Nous allons très bien collaborer pendant 80 km, pas un mot à cause de la barrière de la langue, pourtant chacun fait son boulot, un secteur chacun, une potion de route chacun.

             

            À l'approche d'Arenberg, je passe devant, on a récupéré pas mal de suceurs de roues mais ça tourne toujours à 2. J'arrive très vite sur les pavés, du moins pour moi, juste pour jouer au pro une fois et voir combien de temps je vais tenir. Ben pas longtemps... Dès que le secteur remonte, je suis pendu, le cœur à bloc, les jambes en coton, la vitesse chute très vite en même temps que la cadence de pédalage. Pour arranger tout ça, je sens la roue arrière qui tape de plus en plus : c'est mort, valve arrachée. Ce secteur est vraiment terrible, tant physiquement que pour les oreilles : mon Dieu que la matériel souffre ! 

             

            Je répare un peu trop vite, la pression n'est pas suffisante, je percerai encore 30 km plus loin. À chaque fois il faut tout recommencer, redoubler les groupes, les suiveurs, les camping-caristes qui cherchent un emplacement pour le lendemain. Il fait de plus en plus froid, les forces commencent à manquer alors je m'arrête au dernier ravitaillement, il reste 35 km, je trouve enfin un français. On a le même réflexe : un sourire et un grand soupir. Lui aussi a participé à l'édition 2012 et trouve également celle-ci beaucoup plus dure, plus dangereuse aussi sur route ouverte. 

             

            Le départ du ravito est très dur, je suis congelé, j'ai mal aux fesses à cause d'un mauvais choix de selle, mes doigts refusent de se desserrer, mon dos me fait très mal sur les pavés... Il faut dire qu'après 40km de pavés où il faut rester gainé et environ 50 km en position clm pour échapper un peu au vent, ça commence à tirer. Avec les fesses, les avant-bras sont les seul endroits où j'ai des bleus. Mais pas question de descendre du haut du pavé, je suis là pour ça, je rage en voyant certains me doubler sur l'herbe...  Quel intérêt ? Surtout pour ceux qui viennent de l'autre bout du monde pour l'occasion. Cette colère va me servir de moteur pour la dernière heure : je deviens agressif, je gueule sur les voitures, les cyclistes, à chaque secteur j'espère voir " l'Arbre ", la libération, c'est long, très long. Quand enfin, à la sortie d'un virage, je l'aperçois, je lâche le peu de forces qu'il me reste, quel émotion à ce moment-là... Je craque !

             

            Les 4 gars qui m'ont doublé depuis le ravito sont là, en point de mire, pas mieux que moi finalement. Je vais réussir à les reprendre petit à petit avant les faubourg de Roubaix. En ville c'est la galère : les feux, la circulation. Je note tout de même un grand respect des automobilistes en règle générale face à certains comportements de cyclistes inconscients. Le dernier secteur ne nous est pas ouverts cette fois. Qu'importe, l'important maintenant c'est de me débarrasser de mes 4 compagnons. Je rentre en tête sur le vélodrome, cette fois je monte dans le virage, oh pas bien haut mais c'est déjà impressionnant pour moi. Je sprint de loin sans me retourner. Il n'y a personne dans ma roue, tout seul dans mon délire de revanche de l'année dernière, j'éclate de rire.

             

            Voilà, fini, épuisé mais content. Médaille autour du cou, il me reste à voir passer les pros le lendemain sur le secteur d'Orchies et bassiner mes amis avec mes histoires. Mais le dimanche, il fait beau, je ne peux pas louper une petite sortie récup au soleil, alors, une fois les fesses très délicatement posées sur la selle, je rajoute 4 secteurs aller-retour pour fêter ça. Quand on aime...

             

            Une journée en enfer, peut être. 

            Mais c'est un enfer qui laisse des traces,

            Un enfer qui donne très vite envie de revenir s'y frotter.

            Un enfer avec un petit goût de paradis !

             

            Avis aux amateurs, je ne décris pas 10 % de cette journée... Impossible, c'est à vivre .

             

            Bilan chiffré ? Aucun, pas de compteur. Environ 6h, juste finir.

             

            Gaétan

             

            PS 1 : un grand merci au club de l'UCLH pour les bons moments que j'y passe. Un énorme bisou à mes filles et ma femme qui supportent mes nombreuses absences .

             

            PS 2 : notes sur le matériel :

            Vélo cyclo-cross alu 

            Pneu conti 4 saisons en 25, du 28 serait l'idéal 

            2 couches de guidoline plus le gel fizik

            Rayons ligaturés à l'arrière 

            Les mains très bien protégées 

            4 chambres à air de rechange, 4 cartouches CO2, pompe, multi outils, dérive chaîne, maillons, clé à rayon etc.

            Il faut tout prévoir et surtout tout transporter, il n'y a pas d'assistance en dehors des stands Mavic sur certains secteurs .

             

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