Tour de Bretagne: le bilan (2)

De l'arrêt pipi de Bol à Ronan Van Zandbeek...Voici la seconde partie de ce qu'il faudra retenir de ce beau 44è Tour de Bretagne!

Les déceptions

Commençons par la Joker Bianchi, team norvégien dirigé par le Belge Gino Van Oudenhove. Les saisons 2007 (le sponsor était alors Maxbo) et 2008 semblent bien loin désormais. Il y a trois ans, Edvald Boasson Hagen avait remporté deux étapes. Un an après, Frederik Wilmann s'imposait à Dinan. En 2010, autre son de cloche. Deux des six participants scandinaves bâchent dès la première étape de Gorey dont l'un quelques minutes après le départ. Par la suite, Joker fut plutôt discrète, prenant part à peu d'échappées. Son premier coureur au général, Stian Remme, se classe 53è.

Cinq anciens coureurs de la maison sont passés professionnels: les deux précédemment mentionnés Boasson Hagen (chez Columbia et désormais chez Sky) et Wilmann (Skil-Shimano) mais aussi Gabriel Rasch (Crédit Agricole puis Cervélo), Lars Petter Nordhaug (Sky) et Alexander Kristoff (BMC). Il faudra que les six Joker alignés sur le TDB 2010 (Sörtveit, Vold, Remme, Rake, Breen, Laengen) montrent autre chose pour espérer les imiter.

Autre formation à s'être distinguée dans le mauvais sens: Itera-Katusha, venue de Russie, la réserve de la grande Katusha de Joaquin Rodriguez et Alexandr Kolobnev. A plusieurs reprises, son directeur sportif Nikolai Morozov a agacé les commissaires de course par son comportement plus que limite. Morozov a pris souvent ses libertés en montant au peloton sans l'aval des arbitres. L'équipe fut d'ailleurs sanctionnée financièrement. Pas sûr donc que le directeur de course Christophe Fossani, extrêmement attentif quant à l'attitude globale des équipes chaque année, ne sélectionne à nouveau Itera-Katusha. A moins que les Russes ne convainquent l'équipe d'organisation avec une nouvelle perle de la trempe d'Arkimedes Arguelyes.

Enfin, en conclusion de cette rubrique, nous pouvons ajouter Ronan Van Zandbeek, coureur de la Van Vliet. Il y avait de quoi espérer un beau Tour du Néerlandais vainqueur cette année du Tour de Normandie. Peut-être pas un doublé mais pourquoi pas une victoire d'étape. Son seul petit éclair restera le neuvième temps sur le chrono. Pour le reste, on pourrait presque parler de néant. Avec comme cerise sur un gâteau amer, un arrêt pipi dans le défilé de Mauron...devant le public. Peu glorieux...

L'équipe suédoise Sprocket finit avec un seul coureur

Il s'agit de l'Australien Jack Anderson. Ils n'étaient déjà plus que deux au matin du dernier jour avec Niklas Gustavsson. Mais une chute quelques kilomètres après Iffendic a empêché ce dernier de terminer le Tour de Bretagne. Pire, le Suédois s'est relevé avec une fracture de la clavicule alors qu'il étrennait le maillot orange du combiné. Les hommes de Magnus Backstedt doivent attendre avec impatience des jours meilleurs.

Le temps mort de Bol contesté

Rappel des faits: au cours de la cinquième étape (Mauron-Huelgoat), le leader de la course Jetse Bol demande une pause dans le peloton pour satisfaire un besoin naturel. Jusqu'ici, rien d'extraordinaire. Cette situation est courante dans un peloton. A la différence près que ce temps mort n'a pas été respecté par plusieurs coureurs. Il est possible que, parmi eux, certains n'aient pas vu le geste de Bol qui s'était pourtant redressé sur son vélo. Mais, après quelques minutes, l'excuse n'est plus valable, Bol s'étant fait comprendre par la voix auprès des dissidents entre-temps. Au bout du compte, aucun groupe n'est sorti du peloton mais l'incident est révélateur d'un certain climat autour de l'équipe Rabobank. Des adversaires l'ont-ils trouvée arrogante cette année? La défense du maillot de leader, fait inhabituel de sa part, a t-elle déplu?

Toujours est-il que la contestation a divisé. Certains, comme Bernard Hinault (lire notre entretien) avance l'argument « Bol s'y est peut-être mal pris » alors que d'autres se rangent du côté du Néerlandais. Ismaël Mottier par exemple, DS de Bbox Bouygues Télécom, jugeaient ''inadmissible'' le comportement des attaquants. Il rappelait que ''même si aucun règlement n'interdit de s'échapper dans ces moments-là, il y a des choses qui ne se font pas.'' C'est à se demander si le ''gentleman agreement'' signifie encore quelque chose.

Aucun accident à signaler

Encore heureux me direz-vous. Oui mais le constat ne tombe sous le sens quand on regarde de près les éléments extérieurs à la course. De nombreuses routes nationales ont été empruntées par la course durant une semaine. Bien sûr, les axes sont efficacement coupés par la Garde Républicaine et les motards d'AMS 35 mais quelques minutes seulement avant le passage de la course. Il suffit toujours qu'un véhicule soit mal rangé et qu'une légère distraction s'empare du peloton pour qu'une chute grave se produise.

Cela aurait pu être le cas mais à cause d'une vache entre Huelgoat et Iffendic. Un troupeau, certainement excité par le mouvement de la course, a réussi à se retrouver sur la chaussée, parmi les coureurs. Ces derniers, avec beaucoup de sang-froid, ont réussi à les éviter. Mais cet événement cocasse aurait pu faire du dégât. L'image restera comme celle de cette 44è édition.

Enfin, des portions de route étaient jonchées de gravillons occasionnant un paquet de crevaisons. A ce sujet, Christophe Fossani a pour projet de faire appel à un engin balayeur dans les années à venir. Il passerait une à deux heures avant la caravane. Encore faut-il que le comité d'organisation reste dans le cadre de son budget.