Jean-Yves et sa bonne étoile

C'est ce samedi que sera organisée la 21e édition de l'Etoile de Tressignaux ! Si vous n'avez pas la chance de le connaître, c'est l'occasion de rencontrer Jean-Yves Burlot, l'heureux organisateur de l'Etoile : un passionné chaleureux qui a toujours effectué ses tournées postales à bicyclette… Portrait d'un fan de vélo qui, aux côtés de son épouse, se dépense sans compter pour sa petite reine

Notre photo : Jean-Yves entraine régulièrement quelques  pros bien connus dans le sillage de sa moto.

 
 
Jean Yves, vous organisez l'Etoile de Tressignaux depuis combien d'années ?
 
"l'année 2014 verra la 25ème édition du souvenir Bruno Guillou, soit 4 épreuves en circuit et la 20ème Etoile de Tressignaux qui est une course en ligne."
 
Comment est née cette belle épreuve ?
 
"Mon petit voisin et ami , Bruno Guillou a trouvé la mort, victime d'un accident de la route, et je ne voulais pas qu'on l'oublie, qu'on oublie son nom. Il avait représenté la France au championnat du monde junior, et il avait une classe énorme. Pour l'anecdote, Jean Claude Daunat disait de lui "c'est le meilleur grimpeur de nous tous " !  "
 
En coulisses, comment se passent les préparatifs ?
 
"Dès le mois de décembre, nous demandons les autorisations de passage dans les communes, nous nous assurons de la présence de l'ambulance, du médecin. Ensuite en janvier, nous démarchons les partenaires financiers ce qui n'est pas une mince affaire car ils sont plus d'une centaine !. Nous contactons les signaleurs car les carrefours doivent être sécurisés mais également les motards pour la sécurité des coureurs car nous devons avoir une course "sûre". Il faut aussi assurer l'intendance avec divers achats, et réserver les restaurants. Cette année Loulou Floch', un Monsieur que j'estime beaucoup pour sa façon d'être, sera notre invité d'honneur."
 

Vous avez également été compétiteur. Combien avez-vous signé de licences ?
 
"Ma 1ère licence,  je l'ai signée au Stade Lamballais en 1965. Je remercie d'ailleurs Jean Biard qui a su convaincre mes parents de m'autoriser à pratiquer la compétition . Ensuite, j'ai rejoint le CC Moncontour , puis l'ES Chatou, l'ASPTT Vannes, et enfin l'UC Pordic jusqu'en 1992. Cela fait un total de 28 licences, dans toutes les catégories, avec des compétitions sur la route, un peu sur la piste, et des cyclo-cross."
 
Comment êtes vous venu à la compétition cycliste ?
 
"Je suis né à Le Gouray, dans les Côtes du Nord, devenus depuis les Côtes d'Armor, en 1947. Mes parents étaient cultivateurs, nous nous déplacions à vélo, et moi j'étais souvent assis sur le cadre de mon papa. Le dimanche nous allions aux courses de temps en temps, et c'est de là que remonte ma passion pour le vélo mais aussi l'accordéon car à l'époque pas de courses cyclistes sans accordéon ! Ensuite j'ai moi-même pédalé, avec les copains, et on essayait de faire le tour de l'église le plus vite possible !"
 
Quels sont vos meilleurs souvenirs cyclistes ?
 
"En vélo, les déceptions sont plus nombreuses que les satisfactions, mais comme j'étais passionné j'oubliais vite pour me projeter sur l'épreuve qui allait arriver. S'il faut évoquer un meilleur souvenir, ce serait ma 1ère victoire sur le circuit des Breuils à Penguilly en 1965, devant mes supporters, et, il y avait des spectateurs à l'époque ! Toute cette semaine-là,  je conduisais la moissonneuse en relais avec mon papa, et entre deux moissons, j'allais rouler un peu sur mon temps de pause ! Les souvenirs, nous les évoquons de temps en temps avec les nombreux amis que je me suis fait dans le milieu du vélo."
 
Quels coureurs de votre génération vous ont laissé la plus forte impression ?
 
"J'ai côtoyé plusieurs générations, et j'admirais François Le Bihan de par sa classe et sa gentillesse qui m'ont marqué à jamais. André Carlo était notre idole dans le Mené, et j'ai tout appris en l'observant. Quelle science de la course il avait !"
 
Dans votre travail, avant d epartir en retraite, vous avez pu joindre l'utile à l'agréable en effectuant vos tournées à vélo. Combien de kilomètres parcourus ?
 
"Dans ma carrière, j'ai beaucoup roulé, et j'ai sans doute dépassé le million de kms !. Dans ce chiffre sont inclus les 160000 que j'ai dû faire avec mon vélo de facteur et ses 30 kg de pub en plus du courrier qui fallait distribuer."
 
De nombreux coureurs ont pu bénéficier de vos conseils. Quels sont ceux qui vous ont laissé les meilleurs souvenirs ?
 
"Hervé Harscoet, Bruno Guillou, Daniel Geffroy, Patrick Stéphan  et tous les jeunes coureurs que j'ai côtoyés, sont des gens humbles et courageux. Pour rouler derrière la moto, il ne peut en être autrement ! J'ai une locomotive, un grand monsieur, Sébastien Hinault qui emmène les wagons de 1ère classe que sont David Le Lay, le p'tit Cyril Gautier, Guillaume Le Floch',  Johann Le Bon, Vincent Rouxel, Régis Geffroy, Manu Michot. Que ceux qui ne sont pas mentionnés ne m'en veuillent pas !. En tout cas, tous des costauds !."
 
Parmi la jeune génération, quel est celui qui, selon vous, a le plus fort potentiel pour réussir à l'étage supérieur ?
 
"Johan Le Bon et Cyril Gautier ont un potentiel énorme, mais pour faire carrière, ils doivent d'abord penser à eux. N'oublions pas que le cyclisme est d'abord un sport INDIVIDUEL qui se pratique en équipe."
 
Vos fils sont également dans le cyclisme mais de façon différente. Finalement, le vélo est une histoire de famille ?
 
"J'ai de la chance car j'ai transmis ma passion à mes enfants.  Jacques court toujours et apporte son aide dans différentes manifestations, Anne-Sophie soutient son mari Mickaël et je dois souligner que je suis l'entraîneur attitré de mon gendre, avec, une sortie derrière moto tous les dix ans ! Quant à Silvère, il a disputé quelques courses en 2011 mais ce n'est un exercice recommandé pour un accordéoniste !."
 
Pour terminer, avez-vous une devise ?
 
"Se rappeler d'où l'on vient, rester simple, être honnête et courageux !."
 
 
Interview par Denis Papin -  Sportbreizh.