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Sportbreizh, pour le dynamisme du vélo breton
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      • Mécano: lumière sur un homme de l'ombre

      • Publié le 27/10/2019
          • Le camion est rangé, les ateliers sont parés, les outils sont astiqués et il est temps de souffler ! Les mécanos des équipes sont (eux-aussi) en vacances. C'est un homme de l’ombre dans une équipe cycliste, un personnage sans qui on ne dévale pas les pentes abruptes d’un col à 100km/h. Philippe est capable de vous changer une roue arrière en huit secondes. Il est ceux qui se penchent à travers la portière d’une voiture, vous attrapent le dérailleur et, du bout d’un tournevis, vous règlent une denture récalcitrante sans jamais mettre les doigts dans les rayons d’une roue qui tourne à 40km/h. Il est une sorte de palefrenier des montures de carbone que chevauchent les chevaliers du bitume ou des pavés. Et il est aussi, parfois, celui à qui les coureurs se confient. Portrait !
          • Mécano: lumière sur un homme de l'ombre
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            Philippe est de ces hommes dévoués aux champions qui ne comptent pas leurs heures. Premier levé dernier couché : « Sur un grand tour, tu fais du 6h / 23h tous les jours » nous explique-t-il, « c’est une vocation. » Philippe démarrera en 2020 sa 24ème saison pour Cofidis, la dernière ou l’avant-dernière, il ne sait pas trop : « C’est la santé qui décidera, je suis quand-même parti 180 jours par an, ce n’est pas anodin, il faut que le corps tienne aussi. »

            Le Breton fait partie de ces gens dont on sait, dès le premier contact, qu’ils sont des hommes honnêtes et gentils. Il a la poignée de main franche et le propos généreux. Notre homme, patient, répond toujours aux questions que les gens lui posent, un peu toujours les mêmes questions d’ailleurs. Pour les non initiés vous entendrez « Combien ça coûte un vélo comme ça ?», pour les cyclos passionnés c’est « En fin de saison vous vendez les vélos ? » et pour les gamins  « Monsieur il vous reste des bidons ? »

            Pour ce finistérien, le vélo, l’objet, évidemment il connait par coeur : « J’ai démarré en apprentissage en 1974 dans le magasin de Jean-Marie Moréac à Quimperlé. » Il s’en suit un passage dans une usine d’aliments du Finistère, mais Philippe revient à son premier amour. En 1989, il reprend le magasin de ses débuts avec un employé. Et des vélos bien différents de ceux d’aujourd’hui : « À cette époque, on avait 7 ou 8 vitesses en dérailleurs mécaniques. Aujourd’hui, mes vélos en ont 12, en dérailleur électrique. Sur ma carrière, j’ai vu d’énormes changements, même au niveau des matériaux. » Adieu acier ou aluminium, le camion de Philippe c’est le temple du carbone !

             

             

            Visite du camion atelier : « Pour une course avec sept coureurs, il nous faut évidemment sept vélos. Mais chaque coureur a aussi un vélo de rechange plus des roues de rechange en cas de crevaison. Chaque matin de course, c’est donc au minimum quatorze vélos et une quarantaine de paires de roues qu’il faut préparer.» Philippe a son permis poids lourds qui est « indispensable pour travailler dans une équipe de haut niveau. Je fais environ 60 000 km par an, avec souvent de longs transferts sur les courses à étapes. » Au final, lorsqu’il se retirera du monde du travail, il aura parcouru l'équivalent de deux allers-retours Terre-Lune à bord d'un camion rouge et blanc toujours impeccable !

            Après tant d’années au service des coureurs, alors que Philippe s’apprête à devenir le mécanicien d’un certain Elia Viviani, une question nous taraude :
            « Philippe, quel coureur vous a le plus marqué depuis vos débuts chez Cofidis ? » Deux noms vont sortir très rapidement et avec eux une certaine nostalgie: « David Moncoutié était un coureur attachant et un homme adorable. Quand il est arrivé il ne savait rien faire ! Il ne descendait pas à la voiture prendre des bidons, c’est vraiment la voiture qui montait à lui. Il ne savait pas se placer dans un peloton, il a fallu tout lui apprendre mais cela n'a pas posé de problème car David a toujours été une personne respectueuse et bienveillante. La direction avait même l’habitude de dire en plaisantant : « 10 comme lui suffisent à donner du travail à tous ! »

            Et Philippe d'ouvrir son grand livre des souvenirs : « Nous avions aussi conscience d’avoir un sacré coureur ! David avait des capacités physiques très importantes dans une période qui n’était pas la plus évidente pour le cyclisme. Nous avons vécu de grands moments avec lui, notamment sur la Vuelta. » Pour rappel, le coureur français a remporté quatre fois le maillot de meilleur grimpeur ainsi que quatre étapes sur la Vuelta. Sur le Tour de France, il a été vainqueur d’étape un 14 juillet.

            À l’énonciation du deuxième nom, plus que de la nostalgie, c’est une sincère émotion qui se lit dans les yeux de Philippe. La voix se voile quelque peu, la main posée sur le bas du visage, il lâche trois lettres : « VDB », pour Franck Vandenbroucke décédé il y aura tout juste dix ans, le 12 octobre 2009: « Franck, il avait la classe, une classe naturelle. Il te donnait envie de travailler du mieux possible pour lui. Il savait fédérer autour de lui en ayant toujours un mot pour chacun. C’était une personne exceptionnelle ! J’étais très triste d’apprendre sa disparition et aujourd’hui encore… En y pensant, quel gâchis ! » À la question « Franck n’était-il pas trop gentil ? » comme on l’entend souvent, Philippe nous répond et conclut : « Oui, il était très gentil mais dans la vie on est jamais trop gentil ! »

             

            Texte et photos de Steven Martin, Sportbreizh Akademi

                          

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