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          • Créée en 1896 Paris-Roubaix est une des plus vieilles courses cyclistes au monde avec la Doyenne, Liège Bastogne Liège (créée en 1892). En 117 éditions, la course a connu deux conflits mondiaux. De 1915 à 1919 elle disparaît du calendrier et ne cède que trois éditions lors de la seconde guerre mondiale en 1940, 1941, 1942. Cette année, elle devait se courir ce dimanche 12 avril…
          • Paris-Roubaix n’est pas une course de gentils
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            Ce n’est pas encore en ce mois d’avril que nous verrons des poilus dans la tranchée d’Arenberg! En temps normal, en ce dimanche pascal, place du Général De Gaulle à Compiègne, prêts à se battre dans l’enfer du nord, il y aurait bien eu près de deux cents guerriers, en pleine possession de leur potentiel athlétique et parfaitement épilés ! Roubaix, c’est une course spéciale. «  J’ai toujours sorti une tenue neuve pour la course » expliquait Frédéric Guesdon, vainqueur en 1997. Une course qu’il faut terminer ! Demandez donc à Evaldas Siskevicius, lui qui en 2018, hors délai, fit réouvrir les portes du vélodrome pour effectuer son tour et demi de piste.

            « Avec le Tour de France, Paris-Roubaix, c’est la seule course où même si tu es dernier, tu ne veux pas abandonner. Pour moi c’est la course la plus dure au monde, mais aussi la plus belle », dixit Bradley Wiggins, vainqueur du Tour de France 2012 mais dont la meilleure performance à Roubaix sera une neuvième place en 2014. L’anglais profitera de l’édition 2015 pour mettre un terme à sa carrière. C’est d’ailleurs une particularité de cette épreuve, telle une offrande à cette divinité nordique, d’anciens vainqueurs lui offrent leurs derniers coups de pédales, leurs dernières souffrances, y déposent à ses pieds leurs dernières forces. Tout un symbole, le vélodrome roubaisien devient alors le décor de leurs adieux au peloton professionnel. Frédéric Guesdon en 2012, avant lui Andréa Tafi le vainqueur de l’édition 1998 qui attendra ses 39 ans en 2005, et plus récemment, Tom Boonen le quadruple vainqueur de l’épreuve en 2017. 

            Un bruit effrayant

            Paris-Roubaix c’est une course plate comme un billard qui finit sur un vélodrome, en temps normal, une affaire de sprinteur! Mais voilà…les secteurs pavés sont abordés après une centaine de kilomètres de course. Vous quittez le bitume pour percuter ces cubes de granit salement dégrossis et approximativement scellés dans un sentier en terre, pas du tout le pavé urbain des jolies places de centres-villes. Le choc est violent ! Pour se rendre compte de la difficulté que représente le fait de rouler sur des pavés, il suffit de se rendre à Arenberg, la veille de la course. Là, vous trouverez une ligne droite de 2400 mètres en pavés. Des cyclistes amateurs viennent de toute la planète pour s’essayer à ce jeu qui n’en est pas un ! Les premiers bruits sont effrayants. Votre monture de carbone, d’ordinaire si silencieuse quand elle fend l’air, vous hurle ici tout le mal que vous lui faites !

            Puis très vite, si vous ne faites pas preuve d’autorité sur votre guidon et vos pédales au prix d’un rythme cardiaque qui va fortement monter dans les tours, vous vous retrouverez balloté à droite, à gauche, puis éjecté du secteur. Peut-être avant cela, serez-vous tombé, ou aurez-vous coincé vos roues entre deux pavés, ce qui se paye par une crevaison au mieux, une roue tordue le plus souvent. Quant aux plus hardis, ils ressortent de cette embuscade courbaturés, les avants bras tendus, les doigts crispés, le dos tordu et la mâchoire qui claque encore ! Multipliez cela par 30 secteurs sur 260 km, un final sur un vélodrome et vous obtenez une course de légende. Si la météo s’y met, alors là c’est l’apocalypse, l’enfer vélocipédique à son paroxysme ! Mais c’est beau et on en redemande ! « Le coureur qui n’a pas fait Paris Roubaix, c’est pas un coureur », disait Charly Mottet, qui pourtant n’avait pas de prédispositions à cette épreuve. 

            Le rictus de Sagan

            Une course à part donc, une course qui n’a pas d’égal au calendrier, aussi belle qu’elle est dure. Le reste de l’année, les approches mathématiques d’une course sont possibles. Quelle vitesse maintenir pour reprendre une échappée au dernier moment ? Quelle puissance développer sur telle inclinaison de pente pour creuser un écart ? À Roubaix impossible ! L’arithmétique n’a pas sa place ! Pour preuve le team Ineos, anciennement Sky, connu pour sa capacité à aseptiser les grands tours avec son rythme métronomique, n’a connu que deux troisièmes places en 10 ans.  On ne prend pas le départ de Paris-Roubaix, la fleur au fusil mais plutôt avec la baïonnette au canon! Même Peter Sagan, réputé fanfaron, esquisse un petit rictus d’inquiétude au moment de signer la feuille de départ. 

            Pas une course de gentils  

            Assez vite on se retrouve chacun pour sa peau. Le double vainqueur Marc Madiot, en 1985 et 1991, explique : « C’est pas une histoire d’entourage, il faut aller chercher autre chose en toi, au plus profond de toi. » Ici la seule règle est de réussir à s’en sortir à chaque instant. « Un coureur qui chute ou qui crève, c’est un de moins ! C’est pas gentil ce que je dis mais pour gagner à Roubaix, il faut être égoïste ! Regardez la route, c’est pas lisse ! Si vous, vous êtes lisse, vous n’avez aucune chance de vous en tirer ! Moi je suis pas quelqu’un de méchant, mais j’étais capable d’être méchant ce jour-là », rajoute le manager de la Groupama FDJ sur le site internet de son équipe. Les pavés, une toute autre culture, une toute autre approche. Ici, une crevaison est signe d’élimination, un coureur qui chute, c’est un coureur qu’on exécute. « Moi ce que j’attends de mes gars, c’est qu’ils soient méchants. Ce jour-là tout est autorisé, mal rasé, mal aimable, con ! C’est pas une course de gentils ».

             

            Des frissons partout

            Paris-Roubaix, « C’est une AOP, ça n’existe nulle part ailleurs et tu peux faire ça nulle part ailleurs », m’a glissé un homme du nord, passionné de cyclisme. La réflexion est pertinente. Le Tour de France peut partir de l’étranger, il peut aller chercher des montagnes suisses, italiennes, ou espagnoles. Ça reste le Tour de France. La course ici, est ancrée à son parcours, cousue à son terroir. Les noms des secteurs pavés résonnent comme des batailles napoléoniennes. Arenberg qui ouvre franchement les hostilités et crée une première sélection.

            Mons-en-Pévèle sonne la deuxième charge à 50 km de l’arrivée. Le Carrefour de l’Arbre est la dernière cartouche à tirer pour ceux qui en ont encore la force ! Et bien d’autres encore : Orchies, Cysoing, etc. Et puis il y a le vélodrome, un tour et demi à boucler sur une piste en ciment bien lisse, qui tranche franchement avec le reste de la journée. 750 mètres de bonheur si vous arrivez seul, pour beaucoup de coureurs la plus belle émotion cycliste de leur vie. « Dans la rue avant le vélodrome j’entendais déjà les gens crier mon nom, quand je suis rentré dans le vélodrome j’ai eu des frissons partout, j’aurais pu faire 50 tours porté par la foule ! » explique Gilbert Duclos Lassalle, vainqueur en 1992 et 1993, dans le documentaire "Sur le Haut du Pavé", réalisé par Maxime Boilon. 

            Pas de simulateur de pavés sur home-trainer

            Si vous arrivez à plusieurs, il faudra mettre le coup de grâce. Achever vos adversaires, tel un gladiateur dans l’arène, pour avoir le droit de lever les bras dans l’enceinte si particulière du vélodrome André Pétrieux. Mythique aussi, les vestiaires du vélodrome, tout en pierre comme pour rappeler ce que vous venez de vivre. Sans aucun confort particulier, 90 boxes, 24 douches, construits dans les années 20 et utilisées seulement en 1943 par les coureurs, date de la première arrivée sur le vélodrome. Chacun des boxes possède une plaque sur laquelle est gravé le nom d’un vainqueur, récompense ultime pour tout chasseur de classique.

            Il faudra attendre encore quelques semaines pour que tous ces lieux reprennent vie, pour écrire de nouvelles pages de cette histoire. Vous pouvez toujours continuer de pédaler sur Zwift pour patienter, mais personne n’a encore réussi à simuler les pavés du Nord sur home-trainer ! D’ailleurs les légendes ne peuvent être simulées par ordinateur, elles s’écrivent à la sueur, aux larmes et parfois…au sang. 

            Steven Martin

          • Compiègne ( 60 )
            Roubaix ( 59 )
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