Ronde Finistérienne : La côte du Butou en juge de paix

Si Joe Dassin, le sublime interprète d’ « Aux Champs Elysées », s’était arrêté un jour dans cette charmante bourgade, il aurait peut-être entonné de sa voix langoureuse :

« J’longeais la rivière de Morlaix, cherchant un coin pour déjeuner,
Lorsque j’ai vu c’village coquet, j’m’y suis engouffré.
Rue du Butou, sacrée montée, par trois fois tu m’as fait caler,
Mais séduit par ta mâle beauté, j’voudrai te chanter :
A Locquénolé, A Locquénolé,
Quand un cycliste, sur son vélo, veut grimper là-bas, tout en haut,
Ta pente abrupte le fait trembler à Locquénolé »

En plagiant le slogan « L’Ariège, les Pyrénées avec un grand A », on pourrait dire « Le Butou, Locquénolé avec un grand B ». Pour les passionnés de la « petite reine », le Circuit du Butou leur rappelle tant de champions célèbres qui brillèrent de mille feux sur son exigeant parcours. Et Guy Pouliquen, l’emblématique maire de cette localité, serait à même de parler, avec une émotion contenue, de tous ces coursiers franchissant la ligne, exténués, mais si fiers d’avoir réussi à terminer l’épreuve. Dans le regard de chaque concurrent, du premier au dernier, il pouvait presque lire « Le Butou, çà se respecte Monsieur, on n’abandonne pas sans motif »

L’ami Guy, c’est le « Monsieur primes » de « Locqué » et il officie à ce poste depuis de nombreuses années sans jamais se départir de son flegme un tantinet Britannique. Il en en vu défiler de ces isards Pyrénéens, ces escaladeurs hors pair que rien ne rebute, aussi à l’aise dans cette difficulté que Jean-Paul favé, le Président de la Ronde, dans la descente de Mentava à Plounéour-trez. Mais le premier magistrat ne prend personne de haut (Locquénolé culmine pourtant à 15 mètres d’altitude !), n’oubliant certes pas tous ceux qui prennent le départ avec pour seule ambition de grappiller quelques points en achevant leur périple. Est-ce pour atténuer les souffrances des « non-grimpeurs » qu’il changea le look de la Rue du Butou l’an dernier en la recouvrant d’un bitume du plus bel effet ? Nul ne le sait, mais certains vont jusqu’à affirmer qu’il avait envisagé, cette année, d’installer un tapis roulant dés le bas de la côte ! (Là, on exagère un peu !).

Tout le monde a encore en mémoire le calvaire enduré, voici un an, par Steven Le Vessier, le maillot jaune en personne. Pendant que Jésus Vilchez, l’aigle d’Andalousie, s’envolait vers les cimes, une terrible défaillance terrassa son disciple Pontivien. Pour le valeureux Steven, la côte du Butou s’apparentait soudain à la montée du Golgotha et son chemin de croix s’accentuait à chaque passage. Sentant les clous lui perforer la paume des mains, il aurait voulu crier mais il n’en avait plus la force « Je ne veux pas être crucifié, je ne m’appelle pas Jésus, que diable, il est devant »

Président de l’Association la Course Cycliste du Butou, Alain Lorsong nous présente un programme alléchant à souhait où les favoris sont légion. Dans cette pléiade de vainqueurs potentiels, citons en premier lieu Vincent Ragot et ses deux compères de l’ACL 56, Yoann David et Yann Rault. Retenons aussi le pur sang Polonais Piotr Zielinski (VCP Lorient) qui fait feu de tout bois, Nicolas David (Côtes d’Armor) ou encore Laurent Le Gac et Jacques Kerneis du BIC 2000.N’oublions certes pas le virevoltant Antoine Loreau (MCCPA), Ronan Poulizac et Manuel Michot (UCB), David Chopin (Hennebont Cyclisme), Régis Geffroy (UC Cholet 49) et  Nicolas Corvez (VS Scaer). Stefan Ravaleu, l’ogre du VS Chartres, défendra avec acharnement ses trois maillots (jaune, vert et à pois) et les deux grands absents du week-end dernier, le néo Zélandais Daniel Barry (LEQ) et Erwan Guianvarch (ECL) signent leur retour, avides d’en découdre. Steven Le Vessier (VC Pontivy) retrouve la grande forme, gare à lui ! Signalons enfin la présence du talentueux junior Geoffrey Millour (VS Plabennec) et de l’épatant Maxime Ménez (ECL), la révélation de l’épreuve (1er à Huelgoat le lendemain de ses belles prestations à Pleyben et Saint-Evarzec, chapeau jeune homme !).

Soulagé, Alain Lorsong reprit son programme et partit rejoindre les membres du comité, Nono, Jeannot, François,  Alain, Françoise et Gene en chantant « A Locquénolé, A Locquénolé ».

Alain Podeur membre du bureau de la Ronde