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Sportbreizh, pour le dynamisme du vélo breton
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          • Nous sommes dans les années 60 avec Robert Bouloux ! Le solide coureur de Ploubalay fut un excellent coéquipier au sein de la grande équipe Peugeot et auprès d’Eddy Merckx en fin de carrière. Il participa à sept Tours de France, mais ses meilleurs souvenirs de coureur resteront ses trois années passées sous les couleurs de la section cycliste de l’Athlétic Club de Boulogne-Billancourt.
          • Sous les couleurs de l’ACBB 4/7 : Les années bonheur de Robert Bouloux
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            La vidéo de la rencontre avec Robert Bouloux

             

             

             

             


             


            L’œil pétille à l’évocation de ce souvenir. Cette victoire, Robert Bouloux la raconte encore comme s’il venait de franchir la ligne : « Je sens que j’ai vraiment les jambes. Nous sommes cinq dans l’échappée. Je mets une première mine. Daniel Ducreux et un autre Normand sautent. Je mets une deuxième mine, Bernard Guyot coince. Mais il reste encore son frangin Claude, face à qui je n’ai aucune chance au sprint. Alors je mets un dernier petit coup et je réussis à garder 100 mètres d’avance sur la ligne. C’est comme cela que j’ai gagné Paris-Dreux. Devant les frères Guyot !» Pour préparer notre rendez-vous, l’ancien coureur pro de chez Peugeot, Jobo-Wolber et Fiat a ressorti quelques photos craquelées de l’époque, le maillot gris et orange aux couleurs de l’ACBB qu’il a précieusement conservé et quelques coupures de presse afin d’évoquer cette époque bénie de sa jeune carrière cycliste.


            En cette année 1966, les frères Guyot, licenciés à Créteil, faisaient la pluie et le beau temps dans le peloton amateur français. Bernard ne venait-il pas de gagner la Course de la Paix au mois de mai, devenant ainsi le premier vainqueur français de l’épreuve reine des pays de l’Est ? Seul Jean-Pierre Danguillaume rééditera l’exploit en 1969. Quant à Claude, rares étaient les coureurs qui pouvaient rivaliser avec le cadet des Guyot dans les arrivées au sprint.

             

            Robert Bouloux, sa bonhommie était très appréciée du public.

             

            Battre les frères Guyot

             

            Robert, jeune recrue de l’ACBB, signait à 19 ans sa plus belle victoire de sa première année parisienne. Il était temps, Paris-Dreux se courait au mois de septembre. Quelques mois plus tôt, en provenance de la ferme familiale de Ploubalay, le jeune Bouloux, un brin fanfaron, avait lancé à son nouveau directeur sportif Mickey Wiégant qui lui demandait quels étaient ses objectifs : « Je viens ici pour battre les frères Guyot ! » Pour toute réponse, Wiégant s’était contenté d’un silence.

            Les semaines et les courses défilaient, et le jeune coureur costarmoricain, ou plutôt le jeune coureur des Côtes-du-Nord, n’avait toujours pas trouvé l’ouverture face aux deux frangins cristoliens. Mais cette magnifique victoire acquise avec le panache, devant Robert Oubron, le sélectionneur national, lui ouvrait grand les portes de l’équipe de France amateur.

            Tantôt sous les couleurs de son club, tantôt sous le maillot de l’équipe nationale, Robert Bouloux allait savourer deux belles saisons ponctuées de victoires, de places d’honneur et de voyages, avant de passer professionnel chez Peugeot en 1969 : « Mon passage à l’ACBB, ce furent mes années bonheur dans le vélo », analyse un brin nostalgique celui qui avait débuté le vélo au CC Plancoët.

             

            Dans l’anonymat du peloton

             

            Eté 1961, encore adolescent le jeune Robert vient d’obtenir son certificat d’études et en récompense, ses parents lui offrent le vélo tant espéré : « J’ai fait plus de cinquante kilomètres le jour même pour aller le montrer à toute la famille et aux copains », se rappelle-t-il. Pourtant les premières courses se font dans l’anonymat le plus complet : « Je terminais dans le peloton, sans plus. J’étais épais comme une planche à laver ». Il réussit néanmoins à décrocher sa première victoire en fin de 2e année de cadet. Un déclic ! L’hiver suivant le jeune Plancoëtin a pris du coffre et sa première victoire lui a donné l’envie de la gagne. Courant désormais avec les 3e et 4e catégories, il entame la saison par un coup d’éclat et une victoire à la Pinterie dans les faubourgs de Fougères, une épreuve organisée par Albert Bouvet. Il en claquera six ou sept dans la saison, toujours avec le même panache.

            A 18 ans, le voilà en 2e catégorie et les coursiers qu’il côtoie s’appellent désormais François le Bihan, Jean Bourlès, Félix Le Buhotel : « Je ne réussissais pas à les battre, mais je crois bien que je les faisais souffrir », sourit-il. Mais déjà le jeune Robert a des envies d’ailleurs : « Je ne voulais pas rester faire le tour des clochers. A 18 ans, mon rêve était de passer professionnel et de faire le Tour de France. Je dévorais les pages sportives des journaux et les revues de cyclisme et le grand club de l’époque c’était l’ACBB ».

            Mais la formation parisienne ne vient pratiquement jamais courir en Bretagne. Robert va donc prendre conseil auprès d’un autre Plancoëtin, Désiré Letort, passé lui aussi par le meilleur club français en 1964 avant de suivre la filière « normale » vers l’équipe Peugeot : « Désiré m’a conseillé d’écrire à Wiégant. Quelques semaines plus tard, celui-ci m’a répondu en me proposant de venir courir deux courses en région parisienne. J’ai fini entre la 15e et la 20e place, mais il m’a dit qu’il me prenait pour la saison suivante ».

             

            La côte d’Azur en 2 CV

             

            A 19 ans, en février 1966, Robert prend ainsi le train pour Paris. A peine le temps de faire connaissance avec ses équipiers au service course du club, qu’il rejoint Saint-Aygulf sur la côte d’Azur en 2 CV en compagnie d’Enzo Mattioda qui passera pro en 1971 et gagnera Bordeaux-Paris en 1973. « Je découvrais de nouveaux paysages, de nouvelles senteurs. Moi qui n’avais jamais quitté la Bretagne, j’avais l’impression d’être dans un autre pays », se souvient-il.

            Les courses méditerranéennes terminées, retour en région parisienne. « Nous les provinciaux, nous étions logés dans un petit hôtel près du siège du club. Nous y avions nos habitudes. Mickey Wiégant venait nous voir quasiment tous les jours et nous donnait les programmes d’entrainement, nous suivait en voiture. C’était quelqu’un de très élitiste, c’est sûr. Mais il était aussi fin psychologue. Les consignes de courses étaient très simples. Dans les épreuves par étapes, il n’y avait pas de leader avant le départ. Les mieux classés à l’issue de la première étape étaient protégés. »

             

            Robert Bouloux élu meilleur coureur de l’année 1967 connait les honneurs à la mairie de Boulogne-Billancourt.

             

             

            Après sa victoire dans Paris-Dreux, Robert entame sa deuxième saison dans l’équipe parisienne en 1967. Cette année-là, il inscrit à son palmarès Paris-Troyes et Paris-Mantes, le championnat de France du contre la montre par équipe et la première étape (également un contre la montre par équipe) du Tour de l’Avenir. « En fin de saison, je fus élu meilleur coureur de l’ACBB. Le sponsor de l’équipe était alors le fabricant d’électroménager Ducretet Thomson. J’ai reçu en cadeau un téléviseur. Tu ne peux pas t’imaginer ma fierté de rentrer à la ferme de Ploubalay. Mes parents n’avaient pas encore de télé à l’époque. »

             

            Robert Bouloux à gauche, champion de France du 100 km contre la montre par équipes avec l’ACBB en 1967. A droite, Bernard Thévenet.

             


            Les Jeux olympiques

             

            En février 1968, Robert Bouloux reprend la direction de la capitale pour sa troisième saison à l’ACBB. Il fait désormais partie des cadres du club et de l’équipe de France amateur, régulièrement sélectionné par Robert Oubron. Il signe un deuxième titre de champion de France du contre la montre par équipe, ce qui lui ouvre les portes de la sélection pour les Jeux Olympiques de Mexico. Il termine deuxième du Tour de l’avenir. Il finit encore 2e de Paris-Roubaix amateur.

            Robert Bouloux est fin prêt pour entrer au sein de l’équipe Peugeot-BP-Michelin dès 1969. L’impression de ne plus assouvir une passion mais de pratiquer un métier ? Le sentiment de ne plus pouvoir réaliser ses coups d’éclats, bridé par son statut d’équipier ? Au fil des mois et des années, l’insouciance qui le caractérisait chez les amateurs s’est rapidement étiolée pour laisser place chez les professionnels à un stress permanent : « Peut-être que je n’avais pas la mentalité ?» s’interroge-t-il aujourd’hui. Et de conclure en évoquant une nouvelle fois le rôle de son mentor : « si j’avais eu Mickey Wiégant comme directeur sportif chez les pros, je pense que mon palmarès aurait été tout autre ».

             

            Albert LE ROUX

             

            Robert Bouloux (au centre) était un des piliers des équipes de France amateur pendant ses années ACBB.

             


             

            Neuf saisons chez les professionnels

             

            « Chez les pros, je n’ai jamais retrouvé les jambes que j’avais chez les amateurs », explique Robert Bouloux. Cela ne l’a pas empêché de faire neuf saisons au plus haut niveau. Et ils ne sont pas si nombreux les coureurs bretons qui ont passé autant d’années chez les pros. Le palmarès est tout à fait honorable. Une victoire, une 2e et une 4e place au Grand Prix de Plouay, une étape, une 6e et 10e place au classement général au Dauphiné Libéré.
             
            Justement, en 1972 après sa victoire dans la 1ère étape, Robert peut jouer le classement général dans ce Dauphiné, car sans être un pur grimpeur, le Breton passe bien les cols. Sauf qu’il ne reçoit pas l’aide de ses équipiers lors d’une attaque de Luis Ocana dans le Granier. Même Thévenet, pourtant son partenaire chez Peugeot et ancien coéquipier amateur sous le maillot parisien, relaie l’Espagnol. « Chez les Peugeot, lors du dîner, ce fut la soupe à la grimace », lâche le Costamoricain.
             
                

             

            Robert Bouloux était un coureur complet, passant bien la montagne. Ainsi sur ses neuf années professionnelles, il disputa sept Tours de France (un seul abandon), toujours placé dans la première moitié du classement général et une 20e place en 1976.

             



            Equipier du Cannibale

             
            Après son départ de chez Peugeot à la fin de l’année 1974, Robert Bouloux court sous les couleurs de l’Union Nationale des Coureurs Professionnels (l’UNCP) qui fournit simplement une voiture de service course pour un nombre restreint d’épreuves du calendrier. Pas question de Tour de France bien entendu. L’année suivante fort heureusement, le Costamoricain décroche un nouveau contrat dans l’équipe Jobo-Wolber-La France. Dépourvue de réel leader, Robert bénéficie de bons de sortie, retrouve ses jambes et réalise une très bonne saison ponctuée par une 20e place dans le Tour.
             
            Cette bonne année 76 lui ouvre les portes de la nouvelle équipe Fiat, créée autour d’Eddy Merckx et de sa garde rapprochée des ex-Molteni qui compte Joseph Bruyère, Etienne de Beule, Ludo Delcroix ou encore Joseph de Schoenmaecker et le spécialiste des « six jours » Patrick Sercu.
             
            Robert Bouloux (à l’extrême gauche) finit sa carrière auprès d’Eddy Merckx chez Fiat.
             
            Miroir du cyclisme consacre alors un reportage de plusieurs pages sur le destin de Robert, l’ancien chômeur de l’UNCP qui relance ainsi sa carrière en devenant l’équipier du quintuple vainqueur du Tour. Merckx termine 6e de la grande boucle. A l’issue de la saison, au cours d’une réception, les dirigeants de Fiat, satisfaits de leur première expérience dans le peloton professionnel français, annoncent aux coureurs la reconduction de l’ensemble de l’effectif pour l’année 1978.
             
            Sauf qu’à l’automne la donne a changé. Les coureurs reçoivent tous une lettre de licenciement, le grand Eddy Merckx également. Les dirigeants, ayant compris que le « Cannibale » ne gagnerait plus le Tour, veulent repartir avec des jeunes coureurs. « Merckx s’est démené pour trouver un nouveau sponsor et m’a appelé en novembre pour me dire qu’il avait une bonne piste ». Mais le partenaire pressenti ne donne pas suite. Le champion belge déniche alors la chaîne d’habillement néerlandaise C & A. L’équipe repart mais sans Robert Bouloux qui décide de mettre un terme à sa carrière. Eddy Merckx fera de même le 17 mai 1978 pour raison de santé. L’équipe C & A, malgré la 4e place de Joseph Bruyère dans le Tour, disparaîtra dès la fin de la saison. De sa dernière saison, Robert a gardé précieusement le vélo, un « Eddy Merckx » !
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