
Pour nous, l’actualité s’est rapidement tarie. Alors pourquoi ne pas garder le contact, le lien ? Ça fait du bien de causer. Ça fait du bien d’évoquer ses souvenirs, de parler de sa passion, parfois de partager ses états d’âme en ces moments difficiles. C’est ce que vous propose Sportbreizh. Loin de nous l’idée de jouer les « psy » en vous proposant une auscultation en ligne de votre canapé. Simplement l’idée de prendre de vos nouvelles et de causer un peu. On vous appellera et puis nous mettrons tout cela en forme. C’est notre collaborateur et ami Steven Martin qui, au volant de la voiture ouvreuse, entame le premier tour de circuit.
Mars 2020, ce virus, ce confinement, tout va vite, très vite finalement. Alors que jamais ne m’était venue à l’esprit la question d’une vie sans vélo, voilà qu’on m’impose une réponse ! Pas de courses, ni dans nos villages ni à la télévision ! Rien de vélocipédique à ressentir, à vivre. Voir Paris-Nice se finir 24 heures plus tôt ne présageait rien de bon. Mais pas de Tour des Flandres, pas de Paris-Roubaix ? J’ai 33 ans et 23 ans de Vieux Kwaremont, de tranchée d’Aremberg, 23 ans d’attaques dans le Patersberg et des cloches qui carillonnent plus fort que les applaudissements du public au dernier tour du vélodrome.
Durant ces jours noirs et tristes, j’ai entendu à plusieurs reprises : « Il n’y a pas que le vélo dans la vie !». Oui, c’est bien vrai qu’il y a bien plus grave en ce moment qu’une annulation de course. Mais lorsque vous ne pouvez plus prendre votre voiture un dimanche pour vous rendre à une course, quand vous ne pouvez plus entendre, le bruit singulier des pédales automatiques dans la seconde qui suit le départ, lorsque vous ne pouvez plus sentir l’odeur d’embrocation au passage du peloton, quand il vous est devenu impossible de parcourir vos routes préférées, je ne sais pas ce que vous ressentez, mais chez moi, ces manques provoquent une forme d’anxiété, déclenchent même une sorte de peur, la peur que le film ne soit pas mis sur pause, mais sur arrêt.
Moi, mon film, il a démarré le 20 juillet 1997, jour où j’ai voulu monter sur un vélo pour ne jamais en redescendre. Alors, grâce à Internet je suis revenu sur cette date. J’ai regardé l’étape du Tour Bourg d’Oisan - Courchevel. Le passage de la ligne d’arrivée m’est toujours resté en mémoire. Richard Virenque, de son index embrassé puis pointé vers le ciel, signait son chef d’œuvre juilletiste. Ça m’a rassuré de retourner dans mon enfance et de quitter cette petite angoisse ambiante. Je peux tenir encore un moment en confinement. 23 ans d’archives à visionner sur le net, pensez donc !
J’ai aussi mis mon vélo sur un home-trainer, en terme de plaisir, je me suis senti comme un hamster en cage tournant dans sa roue. Je préfère me dire et vous dire à vous : cyclistes, organisateurs de courses, journalistes, qu’après seulement une semaine de confinement, j’ai hâte de vous retrouver, de vous serrer la main, de vous encourager, de vous prendre en photo, de vous entendre me parler de votre passion en toute intimité à moins d’un mètre de distance. En attendant prenez soin de vous et ne sortez pas. Patience et à bientôt !
Steven MARTIN
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