Ronde Finistérienne #7: Ludovic Poilvet s’est fait du blé à Saint-Evarzec

Retrouvez grâce à Alain Podeur le résumé de la 7e étape de la Ronde Finistérienne qui s'est disputé à St Evarzec dimanche dernier.

L’agriculteur Ludovic Poilvet  s’est fait du blé à Saint-Evarzec

« Celui qui battra le record du tour se verra récompensé par une somme rondelette ! ». Cette simple phrase, prononcée par les speakers à quelques minutes du départ, allait faire l’effet d’un électrochoc sur les coureurs avides d’en découdre. Le charismatique Maire André Guillou eut à peine le temps de baisser son drapeau que Kevin Sadoudi (Hennebont Cyclisme) jaillit comme un forcené, poursuivi aussitôt par un Représentant de l’ordre ! Il s’agissait de Jeff Le Beaudour (VC Châteaulin), le Champion de France de la Gendarmerie qui, une fois n’est pas coutume, allait faire fi de la vitesse limitée dans la descente de Kerverry. Mais, chut ! Ne le répétez à personne, je compte sur votre discrétion, je ne voudrai pas que le sympathique Jeff se fasse sanctionner par sa Direction. Surpris par ce départ canon, l’expérimenté Frédéric Dayon et son jeune équipier Mathieu Pleven (HC) s’extirpèrent de la meute pour rejoindre les deux hommes qui caracolaient à l’avant.

« 43,780 km/h de moyenne ! » s’égosillaient Dédé et Michel dans le micro devant une foule médusée. Derrière, une contre-attaque, amorcée par l’inévitable Piotr Zielinski (VCP Lorient), se rapprochait inexorablement. Dans ce wagon de luxe on eut à peine le temps de reconnaitre David Cherbonnet (VCP Loudéac), l’impeccable Ludovic Poilvet (ASPTT Rennes) et  l’épatant Yann Le Burel, chargé de protéger ses coéquipiers d’Hennebont. Avec de tels clients qui souquaient ferme pour revenir, la jonction se fit en bien moins de temps que met notre patriarche pêcheur Jean-Yvon pour débusquer trois crevettes. Cherbonnet, le dauphin de Vincent Rouxel (UCB) au Classement Général, se jetait comme un mort de faim sur les points des Classements Animateurs, Zielinski en faisait de même pour les Grimpeurs.

 

« Tu as vu les mecs qui sont devant, le peloton ne reviendra pas ! » Asséna P’tit Louis, le juge à l’arrivée. Bien vu, mon pote, quel métier ! Rouxel rageait d’avoir raté le bon wagon et multipliait les démarrages, mais en vain. Il eut en plus la malchance de perdre, sur crevaison, son arme fatale Ronan Tassel. Pendant ce temps-là, un Cherbonnet euphorique faisait ses comptes « 245+16=261. Si je finis 3^ème, cela me fera 342 points et si Rouxel termine à la 11^ème place, j’enfile le Maillot jaune, c’est jouable ! ». Ils sont vraiment trop forts les coursiers d’aujourd’hui, ils pédalent beaucoup avec leur tête ! Dans l’échappée, Poilvet ne pipait mot mais nageait dans le bonheur. A l’échauffement avant l’épreuve, il avait vu dans la côte de Mouster-Coat un signe annonciateur de sa victoire.  Sur la route une grosse quantité de grains avait retenu son attention et, en agriculteur expérimenté, il avait vu tout de suite que c’était du blé. « Je crois aux signes » se disait alors Ludovic en enchainant « Je vais me faire du blé sur cette étape ! ».

Au 12è tour, le gendarme Le Beaudour, satisfait de s’être laissé aller aux griseries de la vitesse, rendit les armes, laissant le champ un peu plus libre aux quatre Hennebontais qui pouvaient envisager plusieurs solutions. « Qui ne risque rien n’a rien » se persuadait Cherbonnet qui attaqua bille en tête. Peine perdue, Zielinski veillait et ramenait le velléitaire à la raison. Le fougueux Le Burel plaça, lors du dernier tour, une terrible mine après la ligne d’arrivée mais deux hommes seulement purent répondre à son coup de fusil, l’increvable Zielinski et un Poilvet qui pédalait dans l’huile. Dans la longue descente, Le Burel, en manque d’oxygène, voulait leur crier « Ralentissez, c’est limité à 50 km/h » mais il dut se relever, les genoux commençant à faire bravo. Dès le bas de la côte, Poilvet accéléra d’abord progressivement et soudain, Bing ! Boum ! Le démarrage foudroyant de l’agriculteur de Saint-Rieul eut raison de la vaillance de notre Polonais qui semblait scotché à l’asphalte. Le grand Ludovic grimpa Mouster-Coat bien plus rapidement que notre Jo Fily Régional descendant à vélo le bourg de Ploudaniel et il prit le temps de saluer la foule qui l’applaudissait à tout rompre. « J’avais raison » susurrait « l’ex-Poulidor de Saint-Rieul » qui rajoutait malicieusement « La journée s’était présentée sous de bons auspices, je me suis fait du blé aujourd’hui, foi d’agriculteur, et en plus c’est la saison de la moisson ! ». Le pugnace Zielinski passait la ligne en seconde position et David Cherbonnet, avec sa 3^ème place, réalisait le « casse du jour » avec une penderie pleine à craquer : Maillot jaune, blanc et fuchsia.

« Alain, j’ai combien de retard sur Cherbonnet ? » me questionna Vincent Rouxel. Quand je lui répondis « 22 », un coureur s’esclaffa « voilà le flic ! ». C’était l’impayable Le Beaudour ! Sacré Jeff ! Vivement la suite à Plounéour-Trez.

 

Alain Podeur membre du bureau de la Ronde