Tour du Pays de Lesneven : La fidélité au contre-la-montre par équipe.

Contre la montre individuel ou contre la montre par équipe ? Tout organisateur de course par étape se pose cette question existentielle, sauf ceux du TPLC, grands défenseurs du chrono collectif, toujours spectaculaire, souvent surprenant, parfois décisif.

Le contre la montre par équipe dans le vélo, c’est comme la mini-jupe dans le vêtement, ça passe de mode puis ça revient à la mode. Côté professionnel, l’exercice tend à se raréfier. Sur le Tour de France dans la dernière décennie, le CLM collectif n’a été organisé qu’à quatre reprises. Et pourtant tout le monde se rappelle encore de la magnifique étape Vannes-Plumelec de l’édition 2015 avec un finish dans la côte de Cadoudal.

Le Paris-Nice, au début du mois de mars, comportait également un chrono par équipe. Utilisant une zone grise d’un règlement UCI, l’idée viendrait paraît-il de Thierry Gouvenou, l’organisation a tenté d’innover en prenant le temps sur le premier coureur à franchir la ligne, contre d’habitude un temps pris sur le quatrième ou le cinquième coureur.

Respecter l’esprit

Le résultat mérite d’être commenté. Ce changement dans le règlement n’a pas bouleversé la hiérarchie. Pas vraiment de surprise à l’arrivée, Les Jumbo-Visma donnés archi-favoris, ont terminé premiers. Sur nos écrans, nous avons surtout constaté des formations où les équipiers ont joué les lièvres, mettant sur orbite les leaders, qui pour la plus part d’entre eux, ont terminé l’exercice en contre la montre individuel. l’esprit du chrono par équipe a-t-il été respecté ? Ça mériterait débat !

« C’est un peu la marque de fabrique de notre épreuve et les coureurs comme les directeurs sportifs apprécient ».

Chaque premier week-end d’avril, sur le Tour du pays de Lesneven et de la côte des légendes, le CLM par équipe est une tradition, au même titre que la procession du pardon voisin de Notre Dame du Folgoët…mais en plus spectaculaire. Le règlement lui est immuable, le temps est pris sur le 3e coureur. Le parcours reste le même année après année. Un rituel qui a son utilité. « C’est un peu la marque de fabrique de notre épreuve et les coureurs comme les directeurs sportifs apprécient. Cela permet aux équipes de se préparer en prévision d’exercices similaires en Coupe de France », explique Jean-Yves Fichoux, vice-président du Comité d’organisation du TPLCL. En effet, les dates se rapprochent. Ce sera le 1er mai pour les N1, au Chrono 47 à Vianne dans le Lot-et-Garonne et le 14 mai pour les N2, lors du Chrono Champenois à Bétheny dans la Marne.
 

« Nous avons peu d’occasion de courir un CLM par équipe dans une saison. Cela arrive deux à trois fois au maximum », indiquait Mickael Guichard, leader du team Morbihan Fybolia GOA, réduit à cinq coureurs sur ce week-end lesnevien et donc handicapé pour ce CLM collectif. « Je ne pense pas qu’il va bouleverser le classement général puisque le temps sera compensé », précisait le dernier vainqueur du Grand Prix Gilbert Bousquet, à la veille de l’exercice.

Ce dimanche matin 2 avril, le leader Antoine Devanne et son équipe LMP La-Roche-sur-Yon partaient bien évidemment favoris, d’une part parce que le maillot jaune est le champion de France en titre du contre la montre individuel, et d’autre part parce que les Vendéens avaient déjà fini en deuxième position l’an passé. L’équipe vendéenne n’a pris cette année que la huitième place.

Victoire des Lavallois

Antoine Devanne, plutôt que d’afficher sa déception, cherchait surtout des explications à ce résultat plutôt moyen. « Ce n’est pas évident de nous réunir avec nos emplois du temps. Nous commençons seulement notre travail de préparation spécifique en prévision de la Coupe de France ». Le Team de LMP - La Roche en tant que N2 prendra la direction de la Champagne dans six semaines.

Les Vainqueurs furent les Lavallois de Mayenne V&B Monbana, créant un peu la surprise: « On savait que nous avions une équipe plutôt forte en chrono. C’est un effort que nous préparons déjà depuis quelques temps. Après, nous n’étions que cinq au départ et nous avons perdu un gars au bout de 2 km sur incident. Mais à quatre, nous ne nous sommes pas démobilisés. Mathias (Ribeiro Da Cruz), qui est le grand spécialiste, a passé de gros relais et c’est grâce à lui qu’on gagne », analysait Victor Bohal à l’issue de la course.

Sans rebattre les cartes, le contre-la-montre par équipe a eu le mérite de permettre à des coureurs, tels Brendan Le Cam, Mickael Guichard, Mathias Ribeiro Da Cruz et même Anthony Rallé, de se rapprocher du leader, redonnant ainsi tout son intérêt à la course. « Le TPLCL se joue toujours dans la dernière étape Lesneven-Lesneven », commentait le président André Kerriou avant de donner précisément le départ de l’ultime étape.

Au programme de la 25e édition

Rallé et Ribeiro Da Cruz l’avaient aussi bien compris. Ils s’enfuyaient pour un long raid de près de 100 km. Le Lavallois victime de ses efforts du matin, abdiqua aux deux tiers de la course. Quant au Dinannais, il entretint le suspens toute l’après-midi. A l’entrée sur le circuit final, il était encore virtuellement maillot jaune avec 3 mn 30 s d’avance. Elle fondit ensuite comme neige au soleil sous les coups de boutoir d’un peloton emmené par Antoine Devanne et les Vendéens et par d’autres équipes intéressées par la victoire d’étape comme le VCP Loudéac, qui faisait coup double au sprint avec Pierre-Henry Basset et Nicolas Silliau, premier et deuxième.

Le contre-la-montre par équipe n’a peut-être par été décisif dans ce 24e TPLCL, mais comme chaque année, il a pimenté l’épreuve. Alors il sera de nouveau au programme de la 25e édition l’an prochain.

Albert LE ROUX