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Sportbreizh, pour le dynamisme du sport breton
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          • Gurvan Musset
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          • Le 14/02/2020
          • Cauchemar

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            Il est arrivé à l'entrainement avec un drôle de casque de traviole et des manchettes à l'envers... Avec une dizaine de couche de fringues. On le voyait à peine sous ses maillots et, derrière ses lunettes, il transpirait déjà à grosses gouttes avant même de partir en balade !  Quand Antoine est venu rouler avec quelques jeunes du Team Sportbreizh AC Léonarde, il faut bien avouer qu'on s'est dit que c'était la première et la dernière fois qu'on voyait le garçon sur son vélo de course... Et avec son drôle de look.

            Et puis, il est revenu... Une fois, deux fois puis toutes les semaines. Et on a commencé à se dire que le garçon en voulait vraiment, qu'il aimait ça ! Vététiste confirmé, il avait tout à apprendre sur route ! En avril, il est allé découvrir le parcours des championnats de Bretagne à Trébrivan avec ses nouveaux coéquipiers. Car à ce moment, il était clair qu'il faisait du vélo, qu'il était dans l'équipe ! Lui qui n'avait pas encore fait de courses, il n'a évidemment pas pu suivre le rythme. Le gamin était tout rouge, il avait les jambes autour du cou, il en bavait mais il n'a pas voulu s'arrêter et monter dans la voiture. Il a souri, il a fait non de sa jolie bouille, on l'a doublé et il a terminé sa sortie avec la banane. Et il est parti rouler tout seul, pour progresser. Oui, à ce moment, il était devenu coureur.

            Et Antoine Musset a fait ses premières compétitions et il a insisté en progressant à chaque fois. Comme son père, son oncle et ses cousins, il a aimé cette ambiance de fête au village. Il a changé de vélo et il est monté sur son nouveau Scott. Les très grosses gamelles et les séjours à l'hosto de son cascadeur de cousin ne l'ont même pas dissuadé. Et voilà... Trop tard... Antoine était vacciné par un rayon de bicyclette. Comme tous les jeunes cyclistes, il s'est certainement fait des films où il se voyait en tête au sommet du Ventoux, virevoltant sur les pavés du carrefour de l'arbre ou plongeant devant un Peter Sagan désemparé vers San Remo, après le Poggio.

            Nous, on aurait juste aimé le voir en mars prochain au départ d'une course de début de saison sous son nouveau maillot. En tête ou à deux tours, qu'importe. Évidemment, son père vous dira, comme tous les pères, qu'il aurait été devant et qu'on allait voir ce qu'on allait voir ! Rien n'aurait pu l'empêcher de monter sur son vélo et d'accrocher un dossard.

            Ceux qui ne comprennent pas le vélo vont citer Coluche: "C'est dur le vélo. Oh là là ! Qu'est-ce qu'il faut être con pour faire ça comme sport !" Ceux-là n'ont jamais escaladé le mont Saint-Michel de Brasparts par un joli soir de juin... Ceux-là n'ont jamais pété "un kom" dans les Mont d'Arrée par un froid dimanche de décembre. Et plus simplement, ceux-là n'ont jamais pédalé en février dans les odeurs de mimosa, en mars entre deux talus de primevères, en été avec les senteurs de la moisson ou après un orage, en octobre sous les feuilles mortes... Ceux-là, ils ne se sont jamais faits la pancarte à Loperhet ou à Plougastel. Ils n'ont jamais dû sprinter en rigolant pour distancer le chien teigneux qui en veut aux mollets musclés. Ils ne sont jamais rentrés trempés chez eux un dimanche midi... Trempés et quasiment malades mais fiers de la sortie d'entrainement et prêts à dévorer une douzaine de poulets et quinze kilos de frites bien grasses.

            Aujourd'hui, nous nous refusons à accepter l'inacceptable. Non, mille fois non à cette triste et lâche fatalité.

            Il faut se battre pour que nos jeunes puissent continuer à faire du vélo sans risquer leur peau à chaque carrefour. Il ne faut pas fermer les vélodromes ou les réserver à quelques élites, il faut au contraire les ouvrir à tous, les entretenir et les multiplier dans toute la Bretagne pour accueillir et former nos jeunes. Il faut aider les écoles de vélo et leurs infatigables éducateurs comme ceux de Gouesnou : ce sont eux les vrais héros du cyclisme moderne et personne d'autre. Il faut que nos jeunes pousses soient prêts à affronter la route et ses dangers. L'élu qui aime le vélo n'est pas l'élu qui sirote du Champagne dans le village VIP des grandes courses en serrant des paluches et multipliant les selfies. L'élu qui aime le vélo et sa jeunesse aide son club local et ses dirigeants, ses organisateurs. Formons nos jeunes à rouler en groupe, à acquérir des réflexes, à éviter un maximum de dangers, organisons nos courses de village. Et expliquons à toute la population que la route se partage, qu'elle n'appartient à personne. Et qu'elle est impitoyable...

            Aujourd'hui, à toutes nos phrases, à tous nos dialogues, à toutes nos pensées, à toutes ces nuits sans sommeil, une seule et même conclusion entre deux sanglots.... Antoine, p'tit champion, tu vas nous manquer atrocement.

             

             

             

             

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